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Vue d’ailleurs #4: le nucléaire n’est rien dans l’énergie de demain

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Photo: Camille Drouet

Photo: Camille Drouet

Faire passer la part du nucléaire dans notre production d’électricité de 75% à 50% à l’horizon 2025. C’est ce que vient d’être voté dans le cadre du projet de loi sur la transition énergique. En France, l’un des pays les plus nucléarisés au monde, les sceptiques annoncent déjà que l’objectif ne sera pas tenu.

Pourtant aux quatre coins de la planète, dans des coins parfois dépourvus d’infrastructures, organisations non gouvernementales, petits et (très) grands entrepreneurs produisent de l’électricité de façon parfois surprenante. Et si nous prenions exemple sur eux…?

L’anglais dont l’énergie éolienne a le vent en poupe

Image: Bodoklecksel

Image: Bodoklecksel

Dale Vince a quitté l’école à 15 ans. Jeune adulte et devenu militant écologiste, il part sur les routes dans un camion dont le toit est équipé d’une petite éolienne. Un jour de grand vent, il a le déclic et décide de s’endetter pour construire son premier parc éolien. Aujourd’hui, cet éternel hippie est à la tête d’un empire vert qui pèse des centaines de milliers de livres sterling et crée vingt nouveaux emplois tous les mois, explique le quotidien The Guardian.

Ce patron végétarien et fantasque a installé son entreprise dans le Gloucestershire, là où tout a commencé. Aujourd’hui, il réinvestit sans cesse des profits dans de nouvelles constructions éoliennes et solaires. Pas complètement philanthrope pour autant, l’écologiste a fait son entrée dans la liste des personnes les plus riches établie chaque année par le Sunday Times.

"Ma réussite prouve que l’économie des énergies renouvelables est crédible", ne cesse-t-il de répéter aujourd’hui que sa compagnie vend des kilowatts 100% issus de la force du vent et du soleil. Son but à terme ? Proposer les tarifs d’électricité les plus bas d’Angleterre. Il a déjà cessé d’être le plus cher.

Le soleil, producteur d’électricité pour la bonne cause

A tout juste 21 ans, Thato Kgatlhanye vient, elle, de remporter le deuxième prix du concours des jeunes entrepreneurs africains, avec une idée solidaire que rapporte le site sud africain The Daily Vox : des cartables faits de plastique recyclé et équipés d’un petit panneau solaire. Destiné aux enfants des zones rurales d’Afrique du Sud, le Repurpose Schoolbag se recharge sur le trajet de l’école et sur le seuil de la classe pendant les heures de cours. Quand la nuit tombe, l’énergie accumulée permet d’étudier ou tout simplement d’éclairer toute la famille. Grâce à son prix et aux ONG qui achètent ses cartables, la jeune dirigeante d’entreprise emploie de surcroit aujourd’hui huit personnes à plein temps.

Juan Rodriguez est lui aussi à la tête d’une entreprise sociale. Située à l’autre bout du globe, elle fournit des petites unités de production d’électricité solaire dans les coins les plus reculés du Guatemala, à des familles non reliées au réseau électrique. Particularité de ses unités ? Sponsorisées par des entreprises, raconte le magazine Forbes, elles sont installées gratuitement par la marque. En contrepartie, leur nom est gravé dessus. Les foyers n’ont plus qu’à payer l’énergie – renouvelable -  qu’elles consomment. Un gain substantiel pour des familles qui dépensaient une fortune en bougies ou en kérosène destiné à alimenter des générateurs. Une initiative positive à la fois pour les familles qui voient baisser leurs dépenses en énergie dès le premier jour, pour la planète, et pour le PDG qui facture l’électricité et prévoit une augmentation de son chiffre d’affaires de 1700% avec la distribution de 100 000 kits dans les cinq prochaines années.

L’eau, source de vie… et d’énergie !

Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Practical Action, à la fois entreprise sociale et association, l’a bien compris. Depuis plusieurs années, relate The Guardian, elle installe dans des zones - dépourvues d’électricité mais pourvues de cours d’eau - des mini centrales hydroélectriques écologiques. Son but est d’amener une électricité (à faible coût) là où avant le kérosène était légion. Et en suffisamment grande quantité pour que des villages frappés par l’exode rural puissent se doter de réfrigérateurs, de matériel médical, de lumière ; ou même installer des petits commerces pour redynamiser les rues et combattre la pauvreté, comme le montre cette vidéo, tournée au Pérou :

 Charger son téléphone ou cuisiner à la force du mollet

Plus près de chez nous, éliminer les excès de la veille tout en rechargeant son portable, c’est désormais possible. Peut-être avez-vous remarqué ces drôles de machines à pédales qui fleurissent dans les gares et les aéroports : des vélos en libre accès pour les voyageurs qui peuvent charger leur téléphone à la force du mollet. Une initiative pratique qui semblent avoir conquis ces voyageurs de l’aéroport de Schiphol d’Amsterdam.

Andy Welkin et Steeve Blood, deux jeunes américains, ont décidé d’aller plus loin. Pourquoi ne pas pédaler pour faire tourner son ordinateur au bureau (et en profiter pour lutter contre la sédentarité) ? Partis du principe que le corps humain est capable de produire 75 watts en deux heures, ils ont mis au point des machines qui permettent de charger son portable en 30 minutes mais aussi d’alimenter un ordinateur, un mixeur, un moulin à café ou plusieurs ampoules. Pour concrétiser leur projet, les deux patrons de Pedal Power ont fait appel à une campagne de financement participatif qui leur a permis de lancer les ventes sur Internet. Leur invention reste chère (un peu plus de 1000 euros), car elle est construite à la main, mais Andy et Steeve espèrent vite faire baisser les coûts en industrialisant leur production.

Leur invention a un autre but : donner un sens réel aux mots "empreinte écologique". Pour eux, en pédalant pour produire de quoi passer un coup de fil, on se rend compte de ce que l’électricité représente vraiment. L’idée peut paraître fantasque, toutefois, il n’y a pas si longtemps, c’est à la force des mollets que tournaient les machines à coudre…

Multi-function Pedal Power Demonstration from Pedal Power on Vimeo.

Et si l’énergie n’était qu’un jeu d’enfants…

Dans la campagne ghanéenne ce sont parfois les enfants qui produisent l’électricité… en s’amusant. En mission en Afrique, un ingénieur d’une compagnie pétrolière remarque que la plupart des villages et des écoles sont dépourvus d’électricité et les plus petits de jeux. Après avoir quitté l’entreprise, il se lance dans l’élaboration d’un tourniquet muni d’une turbine qui produit de l’électricité. Depuis 2006, ils sont installés un peu partout près des salles de classe du pays. L’énergie produite sert à charger des lanternes que les élèves rapportent chez eux le soir.

Une électricité propre... à base d’excréments

Autour de Nairobi, la capitale du Kenya, de petits immeubles produisent de l’électricité d’une façon surprenante : en recyclant les excréments produits par les habitants des bidonvilles. Le très sérieux quotidien britannique The Guardian raconte l’histoire d’un de ces "bio-centres", celui de Kibera, le plus grand bidonville de la capitale. Le bâtiment, situé à l’extérieur du quartier, est équipé de toilettes et de douches. Il est géré par l’association Umande qui a décidé de transformer une partie des 720 tonnes de déchets malodorants, produits chaque jour par les 2,4 millions d’habitants des bidonvilles, en atout énergétique. Une fois collectées dans l’un des 57 « bio-centres » de Nairobi, les matières fécales séjournent dans un composteur qui en récolte le méthane. Il sera ensuite transformé en énergie utilisée pour alimenter le bidonville.

Combiner renouvelable et économie d’énergie

Deux jeunes américains, amis depuis l’enfance ont décidé de leur côté de faire de la chasse aux gaspillages énergétiques leur (lucratif) gagne-pain. Pour cela, ils utilisent les nouvelles technologies.

Partis du constat que l’être humain aime à se comparer à son voisin, ils ont mis en place un système pour aider leurs concitoyens à optimiser leur consommation d’électricité. Aujourd’hui, ils emploient plus de 500 personnes.

En partenariat avec de grandes agglomérations comme Washington ou Sacramento, la startup d’Alex Laskey et de Daniel Yates compare les factures d’électricité des foyers d’une ville. A superficie et équipements égaux, si une famille dépense plus que ses voisins, elle recevra leurs factures pour se rendre compte qu’elle aussi peut faire des économies d’énergie et donc d’argent. Ces mauvais élèves reçoivent également des conseils, et peuvent télécharger une application qui leur montrera en temps réel leurs pics de consommation, ou les rappellera à l’ordre par SMS en cas de surconsommation. L’entreprise indique ensuite à la ville où mettre en place des campagnes d’information ciblées. Intrusif ? Certes. Mais efficace : les villes ayant eu recours à leurs services ont constaté une baisse moyenne de la consommation d’électricité d’environ 6%.

Ces projets peuvent ne sembler que des gouttes d’eau dans l’océan, toutefois des exemples à plus grande échelle montrent que la baisse de la part de l’énergie nucléaire dans notre production d’électricité n’est pas impossible. Le journal espagnol Publico racontait, il y a peu, l’histoire de El Hierro, île des Canaries devenue la première île autosuffisante du monde grâce à des énergies 100% renouvelables, évitant ainsi la production de 18 700 tonnes de CO2 et de 6000 tonnes de pétrole...

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Camille Drouet pour Courrier International

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